
Il peut paraître prétentieux pour des français de parler de droits de l’hommes et même si sa Declaration Universelle fut adoptée à Paris, la situation est loin d’être parfaite en hexagone. Classée 45ème sur l’index de la liberté de la presse, une grande majorité des médias est détenue par une poignée de milliardaires [1]. En Novembre 2015, la France est aussi entrée dans un “état d’urgence”, reconduit à trois reprises pour des raisons discutables jusqu’au moins Juillet 2017. C’est donc avec modestie que nous donnerons notre perception de la situation.
A peine arrivés en Turquie, nous ressentons l’enjeu de cette période où les choses sont en train de changer. La fameuse place Taksim d’Istanbul nous apparaît timide. Aussi la présence continue de la police sur la populaire rue Istiklal donne un sentiment d’insécurité et nous rappelle que la Turquie aussi, est en “état d’urgence”. L’intensité est palpable sous ce gouvernement qui, nous le savions, accorde de moins en moins de place aux libertés.. on n’imaginait pourtant pas qu’en l’espace d’un mois, nous allions assister à une véritable purge contre tous ceux qui ne supporte pas le régime! à commencer par les opposant politique et média dont le notable Cumhuriyet fondé en 1924, ainsi que 370 ONG et des milliers de fonctionnaires, démis de leur fonctions pour des raisons douteuses. Ces pratiquent installent un climat de méfiance que nous ressentirons chez la plupart des personnes que nous allions rencontrer. Nous observerons de manière concrète cet excès d’authorité avec cette prof de piano, licencié deux semaines auparavant pour avoir signé une pétition visant la paix avec la communauté Kurde.
Conscient des risques, une opposition subsiste et s’organise pour faire face à la situation avec des initiatives dans différents domaines. Parfaitement en ligne avec les événements du parc Gezi, au point de rencontre de la protection des droits de l’hommes et de l’espace vert, voici notre perception des mouvements que nous avons eu la chance de rencontrer.
L’ouest de la Turquie, en marche vers une production alimentaire innovante et éthique

A 300 kilomètres de pédale d’Istanbul en direction des terres, nous arrivons dans cette ville qui apparait comme un oasis de liberté. Nous faisons connaissance avec Basak et la communauté “Ekolojik Yasam Toplulugu” qui mène plusieurs projet qui nous intéresse. Accompagné de Fevzi et le “Porsuk Çayı Feylesofları” ils ont démarré un projet de

Au coeur de ce même groupe foisonant d'initiative, Sevim professeurre d’Art et design adepte du compost et ennemie des déchets. Elle confectionne de superbes tableaux à partir de plastique usagé , le seul matériel qu’elle ne puisse pas recycler d’une autre manière.
Résistance à Ankara pour un esprit critique et la diffusion d’information

Dans la même veine, nous rencontrerons par chance une “journaliste citoyenne” du groupe Seyr-l Sokak. Leur mission est de mettre en lumière ce qu’il se passe dans la rue en filmant et diffusant des vidéos sur internet. Le mouvement est devenu populaire avec les événement de Gezi et expose la répression et les violences commises par les personnes au pouvoir. Au dela de la chaine Youtube, ce volontariat est aussi utilisé par les médias ou même en court de justice. A côté de cela, le groupe a été financé par l’ONU pour aller former a la prise et au montage vidéo des personnes a l'Est du pays qui subissent des répressions militaires.
L’action du groupe repose sur une idée simple mais puissante: toute personne qui possède un téléphone avec appareil photo, a dans ses mains un outil de diffusion objectif de la réalité à laquelle il est exposé.
Nous saluons le courage de ces gens qui risquent gros, parfois leur vie pour que la Turquie conserve ses valeurs démocratique.

Pertinence des actions de la société civile
Au delà de ses propres intérêts, la Turquie joue un rôle important au niveau international en tant que passerelle sensible entre l’est et l’ouest.
Nous avons rencontré des initiatives encourageante dans une société divisée, sur différents domaines : la permaculture face a l’agriculture industrielle, la diffusion d’information libre face aux médias courant et peu impartiaux. Nous pensons aussi que l’art, la culture et l’histoire ont un rôle important a joué en multipliant les moyens d’expression et en ouvrant les esprits. Le travail d’Asli Erdogan ou encore le film “Abluka” nous paraissent en être des exemples concret et plein de valeur.
Comme le reflète la campagne de Donald Trump et ce que nous voyons en Hongrie, Pologne et même en France (avec la monté de l’extrême droite), les concepts occidentaux de “monde libre” et d’universalisme se montrent fragiles et font la place au nationalisme et au replis identitaire. C’est ce que nous observons aussi en Turquie et pensons que c'est la société civile qui détient la clé pour inverser cette tendance au travers d’initiatives locales comme celles que nous avons rencontré.